Jean Bellegambe (1470-1475, Douai – 1535, Douai) a peint des tableaux religieux aux influences nordiques et italiennes.
Surnommé le « maître des couleurs », ce dernier commence avec des tons forts et les atténue avec des glacis. Il éteint ainsi les tons et donne de la profondeur à ses couleurs. Sa palette de couleurs est très riche : outremer, lapis, cobalt, vert, cinabre, carmin pourpre, jaune d’or, jaune pâle, bruns, blanc et gris violet caractérisent son œuvre.
Ce polyptyque (3,60 m x 1,78 m) exposé dans l’ancien réfectoire des moines chartreux est composé de neuf panneaux. Il s’agit d’une commande pour l’abbaye d’Anchin de Pecquencourt par l’abbé Charles Coguin dans les années 1509-1513 pour le grand autel de l’abbatiale. Le polyptyque abritait un reliquaire du 13e siècle (aujourd’hui disparu) protégé par une custode en bois que les peintures de Bellegambe venaient habiller.
Un polyptyque est composé de plusieurs panneaux mobiles qui participent à l’expression du message voulu par le commanditaire. Deux panneaux peints de manière recto/verso étaient fixés avec des charnières et permettaient l’ouverture ou la fermeture de l’œuvre. Au premier regard, chaque panneau semble indépendant. Cependant, certains artifices picturaux montrent la volonté du peintre de lier les scènes et les panneaux entre eux. Ce type d’œuvre est un outil de pédagogie ecclésiastique et de dévotion. Les volets du polyptyque n’étaient ouverts que les jours de fête.
Le polyptyque ouvert montre la domination de Dieu dans le ciel et le polyptyque fermé présente la puissance de l’Église sur Terre. Ce sont les paysages et le décor architectural qui accentuent cette différence. Les panneaux intérieurs ont en effet un caractère plus céleste. L’architecture est recomposée et imaginaire et les paysages fantaisistes. Les panneaux extérieurs représentent plus le domaine des hommes, le monde terrestre, avec des paysages et architectures plus réels et typiquement flamands.
Plus de 250 personnages animent les différents panneaux. Au centre, vous reconnaîtrez la Trinité : le Père, le Fils, le Saint-Esprit dans un écrin d’or et de lumière rosée.
Un dispositif numérique a été installé à proximité de l’œuvre en décembre 2022.