Paolo Caliari, peintre de Vérone surnommé Véronèse, a peint en virtuose, vers 1565, cette œuvre au chromatisme somptueux, proche de sa Belle Nani exposée au musée du Louvre.
Il est l’un des plus brillants représentants de l’école vénitienne qui témoigna avec éclat de sa supériorité dans le domaine du portrait. La jeune femme représentée, une aristocrate qui n’a pas été identifiée, est vêtue à la mode des années 1560, avec l’élégance la plus recherchée. Le cadrage au genou met parfaitement en valeur la richesse de sa parure.
La mise en page, très simple, sur un fond quasi monochrome, la composition triangulaire source d’équilibre, la douceur de la lumière qui exalte la carnation délicate du visage et joue sur les matières confèrent à cette œuvre une sensualité rarement atteinte à l’époque. Véronèse s’inscrit ici dans la grande tradition classique du portrait, inaugurée par Titien. Ce classicisme vénitien qui se prolongera jusqu’à la fin du 16e siècle s’oppose en tous points au maniérisme pratiqué dans les autres grands foyers artistiques italiens.
Ce portrait de femme illustre à merveille la mode du 16e siècle à Venise. Et notamment la fascination pour cette couleur de cheveux si particulière qu’est le blond vénitien. Rare dans la nature et très en vogue à la Renaissance, les femmes avaient trouvé plusieurs recettes pour obtenir cette nuance de roux. Elles appliquaient généralement sur leurs cheveux un mélange composé de safran et de citron. D’autres utilisaient plutôt de la rhubarbe ou encore de l’urine de cheval. Puis, elles exposaient leur chevelure de longues heures aux rayons brûlants du soleil de Venise. On raconte même qu’elles portaient pour ce faire un chapeau de paille dont elles ne conservaient que la visière pour préserver la pâleur de leur visage.