Dans les dernières décennies du 17e siècle, compte tenu des évolutions techniques décisives opérées dans l’artillerie, Louis XIV et son ministre de la guerre, Louvois, ont mis au point un vaste programme de défense du royaume.
Nommé commissaire général des fortifications, Vauban construisit 33 places fortes et en renforça environ 300 autres. Parallèlement, toujours à des fins militaires, une série de plans des villes frontières fut mise en chantier pour organiser à distance des stratégies, offensives ou défensives, adaptées à chaque site. En 1697, on inventoriait déjà 140 maquettes.
Le plan-relief exposé au musée de la Chartreuse, commencé en 1709 est celui de la ville de Douai, française depuis 42 ans mais exposée aux affres de la guerre d’Espagne. Au moment de la capitulation de la ville en mai 1710, ce lourd et encombrant dispositif encore inachevé fut mis à l’abri en grand secret à Cambrai et terminé. Deux ans plus tard, après un siège éprouvant mais grâce une tactique élaborée avec soin, Douai repassera définitivement dans le camp français.
Ces plans-reliefs étaient également destinés à célébrer la gloire du souverain. Le degré de précision excède en effet de très loin ce qu’il était nécessaire de connaître pour organiser la défense des sites. La collection se poursuivra d’ailleurs activement jusqu’en 1870 et ne sera abandonnée qu’au début du 20e siècle, la photographie aérienne rendant obsolète ce mode onéreux de représentation.
Exposés dans la Grande Galerie du Louvre, puis au 4e étage des Invalides à partir du règne de Louis XVI, les plans-reliefs étaient montrés aux visiteurs étrangers de marque qui, émerveillés par leur beauté, pouvaient aussi mesurer la puissance de la France.